Cinema: Juste La Fin Du Monde (Xavier Dolan)




Hey Folks! Je m'assieds enfin face à mon écran pour vous parler après des semaines à cogiter.
Je fais partie de ces gens, fascinés par l'univers du génie qu'est Xavier Dolan. J'ai toujours admiré ce réel prodige qu'il est, tant par son incroyable talent cinématographique que par son statut de personnalité engagée qu'il ne dément pas, quitte à se faire critiquer par la presse. Et ce nouveau chef-d'oeuvre n'a fait que confirmer mon amour pour ce dernier. 


J'attendais avec une hâte incroyable de voir le nouveau chef d'oeuvre du "surdoué québécois", très prometteur déjà de part son casting de folie. J'ai nommé Marion Cotillard, Léa Seydoux, Nathalie Baye (que l'on avait déjà vu dans l'incroyable Laurence Anyways), Vincent Cassel et Gaspard Ulliel. 
Pour son 6ème long-métrage Xavier Dolan a décidé de s'attaquer à une grande pièce de théâtre française, Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce. C'est d'ailleurs la deuxième fois qu'il adapte un de ses films du théâtre, comme il avait fait pour Tom à la ferme. Cette pièce de Jean-Luc Lagarce vient aborder un sujet très délicat, le sida, maladie par laquelle il est touché. Il mettra 5 ans, de 1990 à 1995, pour écrire cette pièce, qui se verra traduite dans plusieurs langues.
C'est également le premier long-métrage de Xavier Dolan où l'on n'entend aucun accent québécois, les acteurs choisis sont tous français et d'un point de vue sonore ça nous change beaucoup du cinéma du québécois prodige. Mais dès les premières minutes on ressent très vite et parfaitement l'incroyable empreinte de Dolan et son grand intérêt pour les névroses familiales, la mélancolie, et ce mélange entre drame et comédie qu'il manie si bien.



Louis (héros, joué par Gaspard Ulliel), revient donc dans sa famille en province après un très long voyage. Il n'a pas vu sa mère , son frère Antoine et sa soeur Suzanne depuis 12 ans et réapparait subitement avec pour but précis de leur annoncer sa mort prochaine. Il n'a d'ailleurs jamais rencontré la femme de son frère et a raté énormément de moments de la vie de chacun. L'arrivée de Louis va venir faire surgir de grosses tensions familiales, des souvenirs et des reproches de sa famille. En plus d'aborder délicatement la maladie du sida, le film aborde aussi la question de l'absence. Antoine est offensé du retour soudain de son frère, dont on sent une certaine jalousie, et n'accepte pas que sa petite soeur se réjouisse de sa venue. Sa soeur qui d'ailleurs n'a jamais connu Louis mais sans qui, elle n'arrive pas à vivre. Selon son frère, Louis ne devrait pas mériter un accueil aussi chaleureux ayant abandonné ses proches et vécu une vie que ce dernier n'a pas eu la chance de vivre sans tenir ses obligations de fils/frère. On ressent au cours du film aussi énormément de solitude dans le personnage de Louis et un manque cruel de communication dans la famille, un thème auquel Xavier Dolan nous a auparavant habitué. 
À son retour dans la maison, plus personne n'est pareil et tous sont abattus par la nostalgie. C'est un très long et lourd moment de malaise absolu, de grosses névroses familiales, de moments d'hystérie mais aussi de beaucoup d'amour enfoui, qui viennent se mélanger une dernière fois avant que Louis ne disparaisse à nouveau. Disparaisse sans avoir révélé son lourd secret qu'est sa maladie, même si l'on devine que ses proches s'en doutent mais n'osent pas se l'avouer.



J'ai mis beaucoup de temps avant d'écrire cet article parceque j'ai beaucoup cogité sur ce chef-d'oeuvre qui m'a réellement bouleversé et je ne savais par où commencer.
Ce qui m'a aussi énormément touché est ce huit-clos parfaitement respecté et extrêmement pesant. 
Le cinéaste qu'est Xavier Dolan a réussi ce paris incroyable de faire fonctionner un casting "de luxe" français, et à me faire voir ces acteurs différemment. Je n'avais par exemple jamais vu Marion Cotillard dans un tel registre, fragile et si gênée; sans parler du jeu incroyable de Vincent Cassel qui a réussi à m'émouvoir d'une manière effroyable. 
Tout, absolument tout dans le film se passe en huit-clos, hormis la scène des hommes dans la voiture, et donc très proche du théâtre. Mais surtout, tout se passe dans le regard et la diction des personnages. 
Accompagnés de superbes couleurs et d'incroyables lumières, que l'on doit au directeur de photographie, André Turpin, avec qui Xavier Dolan a déjà beaucoup travaillé, nous avons des plans d'une intensité phénoménale, et au plus près des acteurs. C'est grâce à cela que nous sommes autant touchés et émus par cette famille qui semble autant souffrir.

C'est d'ailleurs grâce à cet étirement des plans et des scènes, beaucoup plus long que la normale, qu'il vient faire jaillir les émotions enfouies des personnages et que l'on découvre, lors de la dernière scène notamment, leurs réelles fêlures. 
Comme avec Antoine, qui tout au long du film se veut un personnage comique et mesquin mais qui, lors de la dernière scène va nous hurler ses fêlures les plus enfouies.

Un film d'une force et d'une intensité incroyable qui m'a jusqu'au bout, bouleversé, et je n'ai pu m'empêcher de fondre en larme en silence, dès la dernière note du film.




Maintenant parlons musique, je voulais vous mettre ci-dessous les musiques emblématiques du film pour vous replongez dans le film, et moi aussi par la même occasion. Comme souvent chez Xavier Dolan, on alterne entre rires et larmes et il nous montre encore dans Juste la fin du monde, un grand écart de genre musicaux, allant des plus populaires à des plus recherchés.


1. Home is where it hurts - Camille



J'avoue que je ne me lasse pas de cette musique depuis le 21 septembre (date de sortie du film). Le film commence donc avec cette musique, qui vient durer un petit moment. Le titre de la chanson résume parfaitement le film autant que l'ambiance qui règne dans cette musique. Beaucoup de rythme qui évoluent vers une plénitude avec des cris lointains qui nous prépare à l'atmosphère du film. La détresse que nous chante Camille ressemble fortement à la détresse intérieure de Louis et fait le titre phare de ce film.


2. I miss you - Blink 182




Cette chanson du fameux groupe américain apparait au moment où Suzanne vient dire tout ce qu'elle a sur le coeur à son frère. Elle va lui reprocher son absence et ce morceaux de Blink 182 représente très bien son état d'esprit, de par son titre et ce qu'il raconte mais fait aussi le rapport avec l'ado rebelle qu'elle semble être, vis à vis de son frère Antoine, et la jeune incomprise qu'elle est au sein de sa famille.


3. Are you with me - Lost Frequencies


Titre que l'on a entendu encore et encore depuis 2014, quand le jeune belge de 22 ans remix cette chanson d'Easton Corbin. Le single nous renvoie encore à une vision moderne et populaire de cette famille.


4.  Genesis - Grimes



Deuxième titre qui vient être propre à Louis comme le précédent. Un des titres les plus connus de Grimes, dû à son clip qui a beaucoup été relayé sur internet notamment grâce à Tumblr. On ressent cette ambiance rêveuse, délicate et planante qui vient se joindre avec l'intérieur de Louis.


5. Dragostea Din Tei - O-zone


Le tube du groupe roumain nous apparaît d'un coup comme une claque pendant un moment très pesant du film. Je ne m'attendais pas du tout à ça, alors les yeux toujours figés sur l'écran je ris un peu, emportée par la musique qui vient nous rapporter de la vie et de la joie dans l'atmosphère sombre et tendue du film. L'on vient observer la chorégraphie peu maîtrisée et mignonne de Martine et Suzanne. C'est un moment de joie et de nostalgie nécessaire malgré sa courte durée, et qui nous fait du bien avant de nous replonger dans la mélancolie et la gêne des personnages. Xavier Dolan vient s'approprier ce titre emblématique de la culture dans la quelle il a lui aussi grandit. 


6. Exotica - Une miss s'immisce (Françoise Hardy cover)



Quand je réécoute les premières notes de cette chanson, je me revois au cinéma, plongée dans les doux souvenirs de Louis avec les mêmes sensations et toujours le coeur noué.
Cette musique est utilisée lors de tous les flash-backs que Louis vient à se remémorer, on se sent bien, les larmes aux yeux mais heureux. Dolan nous emmène avec une facilité incroyable dans la tête du personnage et nous laisse là dans une des scènes les plus touchantes du film avec ce son planant, repris de Françoise Hardi et a sû faire fondre mon coeur comme il faut, en quelques secondes. Un morceau moderne qui vient trancher avec l'ambiance familiale. Merci.


7. Spanish Sahara - Foals



Spanish Sahara, un des single de l'incroyable album Total Life Forever du groupe Foals que je ne présenterais pas. Ce titre avait été sacré aux NME Awards en 2010 comme meilleur titre. Cette chanson très mélancolique vient souligner une fois de plus le mal-être du personnage incarné par Gaspard Ulliel avec une grande justesse.


8. Hear you me - Jimmy eat World


Chanson qui a été écrite suite à la mort de deux soeurs dans un accident de voiture. Cette ambiance assez lourde mais qui se veut poétique, résonne dans notre tête avec Louis.


9. Natural Blues - Moby


J'ai échangé avec des amies et lu plusieurs avis de gens déçus par ce choix de dernier titre, et je ne partage pas du tout cet avis. Je ne trouve pas que ce titre de Moby ait mal vieilli, et d'ailleurs le film m'a permis de le redécouvrir et de l'écouter d'une manière différente que je l'entendais quand mes parents mettaient Moby sur la chaîne hi-fi à la maison quand j'étais plus petite. Natural Blues arrive à un moment des plus étouffants, après la scène la plus lourde et la plus incroyable du film. Je tenais ma respiration et mes larmes mais je n'ai pas pu les contenir plus longtemps, dès les premières notes de Moby, je me suis écroulée en silence, je n'avais envie que d'une chose, hurler et laisser sortir toutes les émotions accumulées depuis le début du film. 


Les musiques du film de Xavier Dolan sont des plus cohérentes et aussi fortes par leurs émotions que le reste du film. Un pur chef-d'oeuvre avec lequel je suis tombée en amour, et que je ne peux que recommander. Merci Xavier (bon ok j'avoue que y'a pas qu'avec ses films que je tombe en amour) !



No comments:

Post a Comment